La naissance est un traumatisme nécessaire à l’activation de la première pulsion de vie du nouveau-né. À cette période, son premier besoin est psychique. Il cherche à être reconnu par la personne qui endosse le rôle de mère, en étant tout d’abord dirigé par un mode relationnel. Il est pour lui vital que sa relation avec sa mère soit rapidement très fusionnelle. Si cette dernière est absente dès la naissance, les préjudices sont amoindris comparé à une disparition au cours des stades postérieurs. Il est de fait plus facile de remplacer l’objet maternel lors des premiers jours de vie. En revanche, la situation optimale serait que la mère biologique soit présente jusqu’à la fin du développement libidinal de l’enfant. La relation serait d’autant plus forte (Weaver et al., 2004).
Le premier nourrissage ouvre l’enfant à un nouveau mode : le mode nutritionnel. La relation mère-enfant est de cette manière étayée par le lait maternel, ou à défaut par un lait de substitution. Le contenu-enfant devient rapidement le contenant-enfant, même si ce premier rapport avec la nourriture laisse progressivement place à un sentiment de vide intérieur. L’apport alimentaire aura ainsi pour objectif de combler ce manque. Lorsque la mère nourrit son enfant affamé, elle répond à ce besoin et intègre de façon archaïque l’image du sein maternel. Un peu plus tard, de nouveau affamé, l’enfant sera capable de fantasmer le sein de sa mère pour combler un vide intérieur, en associant indirectement l’affect à l’aspect nutritionnel.
L’intensité des émotions est spécifique à chaque être humain. Un même stimulus peut alors mener à différentes réactions, ce qui explique qu’aux alentours de 4 à 6 mois, la phase dépressive puisse être vécue de diverses manières. Tout d’abord, si aucun ressenti n’est suffisamment désagréable pour qu’il y ait une fixation, l’enfant traversera convenablement le stade oral. En revanche, s’il ressent un manque affectif, la phase dépressive sera pour lui davantage marquante. Le troisième scénario possible concerne la psychose. Plus rare, il s’agirait néanmoins d’une mère ressentie comme trop envahissante. La relation mère-enfant a donc une grande importance dans l’expression des émotions et dans le développement de pathologies futures.
Intervenant entre 6 mois et 1 an, le stade du miroir rythme également la première année de vie de l’enfant. Il lui permet de prendre conscience qu’il est un membre à part entière et qu’il n’est pas seul avec sa mère. Le nourrisson devra progressivement faire face à une alternance de frustrations et de satisfactions. Cela lui donnera accès aux premières pulsions anales.
L’épreuve du premier nourrissage est aussi importante que celle de la rupture contenant-contenu. C’est pourquoi la formation de psychanalyse de l’EFPP s’efforce d’en décrire les principaux mécanismes. Alliée aux apports de la formation en hypnose, l’approche psychanalytique permettrait de comprendre de nombreux mécanismes complexes propres à la première année de vie de l’enfant.
