Accueil 9 Thérapie comportementale et cognitive 9 Dissonances cognitives et culpabilité

Dissonances cognitives et culpabilité

« Je me suis remis à fumer suite à ma dispute avec mon mari ou à un conflit au travail » se traduirait en réalité par : « Mon envie de fumer/boire est dû au fait que je n’ai pas pu exprimer ce que je voulais vraiment dire. Je ne veux pas fumer, en vérité, je veux parler de mon problème et de mes besoins avec mon conjoint ou mes collègues de travail ». En quoi cette prise de conscience permet-elle une action plus adaptée et renforce-t-elle son efficacité personnelle vis-à-vis des dissonances cognitives et de la culpabilité ?

Restructuration cognitive :

Le cœur de la thérapie cognitive se nomme « restructuration cognitive ». C’est la restructuration des pensées. Elle permet un changement délibéré de la façon de voir une situation : le thérapeute cherchera à redéfinir l’envie du patient à consommer du tabac, par exemple, afin de gérer les dissonances cognitives et la culpabilité. Le patient doit pour cela être attentif et connaître l’existence du phénomène de dissonance cognitive. Elle apparaît lorsque les circonstances (par exemple lorsqu’il/elle est en soirée) l’amènent à agir en fumant, ce qui est en désaccord avec ses croyances ou ses promesses (par exemple celle de rester abstinent). Ceci entraîne alors un sentiment de tension inconfortable en lui appelé « dissonance », souvent lié à la culpabilité. Il y a donc un conflit entre son désir immédiat de consommer et la promesse qu’il s’est faite pour le long terme. Ce conflit interne ou dissonance cognitive peut entraîner une rechute.

Les trois étapes de la rechute :

A. Le fait de recommencer à fumer une cigarette en soirée est une transgression de son engagement ou une violation de son abstinence (EVA : Effet de Violation d’Abstinence) qui entraine un conflit interne en lui (tension inconfortable) lié aux dissonances cognitives et la culpabilité.

B. Cette tension génère de la culpabilité sous la forme d’une émotion pénible qui se soulage facilement par la consommation d’une nouvelle cigarette supplémentaire.

C. Cette deuxième cigarette qui le soulage de sa culpabilité entraine le retrait de son engagement (modification de ses croyances dans le sens de l’acte) avec trois épiphénomènes :

  • Fausse croyance en l’inéluctabilité de la rechute (« je ne peux plus rien y faire »).
  • Baisse du sentiment d’efficacité personnelle par réponse inadaptée (« c’était trop dur pour moi »).
  • Effet psychotrope de la substance qui maintient la dépendance (« c’est tellement bon, je vais continuer à fumer »).

Tout n’est pas « rechute » :

La vraie rechute n’est néanmoins pas de re-fumer juste une cigarette occasionnellement. Personne n’est parfait. La vraie rechute est d’en re-fumer d’autres par culpabilité et ceci de manière de plus en plus rapprochée jusqu’à ce qu’il reprenne son rythme de consommation d’autrefois. Il convient de comprendre et d’assimiler que la remédiation cognitive n’est pas linéaire et constante : les obstacles et pas en arrière font partie intégrante de la psychothérapie et contribuent au maintient d’une avancée sur la durée malgré les dissonances cognitives et la culpabilité.

Ces thématiques sont abordées par les formations certifiantes e-learning de l’EFPP.