Lorsqu’aucun thème n’est défini arbitrairement, le thème du groupe de parole peut être proposé par un patient. Les thématiques choisies dans cet exemple sont : « Comment s’aimer soi-même ? », « Comment aimer son corps ? » et « Comment ne plus lui faire de mal ? ».
L’émotion d’Agathe :
Au sein du groupe de parole, un ou une patiente peut stimuler ses camarades par le partage de son expérience et de ce qui l’a aidé. Prenons l’exemple d’une patiente que nous appellerons Agathe. Elle relata un événement survenu une semaine auparavant. S’étant fait piquée le cou par une guêpe, elle a fait une importante réaction allergique. Pour la première fois de sa vie, à cet instant, elle s’est sentie mourir. Or, dans son malheur, elle a également temporairement oublié sa pathologie. Ne cherchant plus qu’à survivre, elle a pour la première fois fait passer son trouble au second plan. L’émotion l’a ensuite submergée. Elle voulait que les participants comprennent que le physique n’était finalement pas si important, et que la vie n’était pas un dû, mais un cadeau.
L’ambivalence de Mélanie :
Une seconde patiente, que nous appellerons Mélanie, souhaitait parler de la mise en place de sa sonde naso-gastrique. Le conflit entre ses besoins physiologiques et son trouble psychique générant une intense fatigue, elle pensait que la sonde serait la meilleure solution : elle ne voulait plus avoir le choix. Avant sa pose, elle se sentait anesthésiée, passive et non concernée par sa vie. Elle voulait comprendre ce que cherchait à lui dire son cerveau par l’intermédiaire de sa pathologie. Pourtant, une fois la sonde posée, la patiente avoua avoir ressentie une intrusion : elle avait très mal vécu le fait de ne plus contrôler les calories ingérées. Cette étape a psychiquement été très douloureuse. Elle révéla alors avoir mis en place une stratégie : elle sortit de son corps en attendant que l’épreuve se termine.
Le conflit entre la voix de l’anorexie et la conscience de la sonde était si insupportable qu’elle devait se mettre dans une bulle le temps de l’alimentation forcée. Bien que la volonté consciente soit de s’en sortir, les propos de la patiente exprimaient une nouvelle ambivalence : rechercher l’inconfort en se faisant sonder et s’octroyer un répit en essayant d’oublier cet épisode.
Les apports d’un groupe de parole varient et sont riches d’enseignements pour tous les participants lorsque la dynamique est positive. Ce type de cas concrets est observable grâce aux stages intégrés dans la formation de psychopraticien. L’EFPP s’efforce de de guider ses stagiaires dans la réalisation de stages pratiques : l’apport de chaque expérience optimisera l’activité professionnelle et l’efficacité du futur thérapeute.