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A-t-on plus peur de mourir aujourd’hui qu’avant ?

La question de la peur de mourir est une constante de l’expérience humaine, mais elle revêt des nuances qui évoluent au fil du temps et des contextes.

Dans notre société moderne, marquée par une exposition constante à la mort, tant à travers les médias que par des événements tragiques, il semble pertinent d’interroger si cette peur s’est intensifiée par rapport aux époques précédentes.

L’une des caractéristiques du monde contemporain est la surabondance d’informations qui nous confrontent régulièrement à la mort. Les médias, les réseaux sociaux et même les divertissements mettent en lumière des tragédies, des conflits et des maladies.

Ce contact incessant avec la mort peut engendrer une angoisse accrue. Selon Freud, la « mort de l’autre » suscite une réflexion sur notre propre mortalité.

Aujourd’hui, cette réflexion est continuellement réactivée par l’infobésité, augmentant le sentiment d’impuissance face à notre propre finitude.

La société moderne valorise des notions telles que la performance, le succès et la productivité. Dans ce cadre, la mort est souvent perçue comme une interruption brutale d’un parcours qui devrait être linéaire et ascendant. Ce regard peut transformer la mort en un échec, générant une angoisse plus profonde.

La peur de mourir devient alors une anxiété existentielle, ancrée dans une quête de sens et de reconnaissance dans un monde qui semble récompenser les réussites matérielles et éphémères.

En psychanalyse, des mécanismes de défense comme le déni et la rationalisation jouent un rôle crucial dans notre rapport à la mort. La médicalisation de la vie, avec ses avancées technologiques, peut inciter à un déni de notre mortalité. Ainsi, face à une réalité qui semble lointaine, la peur de la mort peut paradoxalement se renforcer lorsque celle-ci se manifeste de manière inéluctable.

Ce phénomène renforce le sentiment d’insécurité, car il nous rappelle que malgré les progrès, nous restons vulnérables.

Les générations plus jeunes sont aujourd’hui confrontées à des crises environnementales, politiques et sociales qui exacerbent l’anxiété existentielle. La peur de l’avenir, combinée à la conscience de notre impact sur la planète, crée un climat d’incertitude. Cette angoisse collective se manifeste souvent par une appréhension face à la mort, non seulement comme une fin individuelle, mais comme une conclusion à un récit collectif menacé.

Ainsi, bien que la peur de mourir ait toujours fait partie intégrante de l’expérience humaine, les facteurs culturels et sociaux contemporains semblent la rendre plus aiguë. L’exposition médiatique, la pression sociétale, les mécanismes de défense et les crises contemporaines contribuent à redéfinir notre rapport à la mort.

Pour répondre à la question de savoir si l’on a plus peur de mourir aujourd’hui qu’avant n’est pas simple. Il apparaît que cette peur est exacerbée par une confluence d’éléments contemporains, transformant notre rapport à la mortalité.

Une approche introspective et collective peut nous aider à naviguer dans cette angoisse, à transformer notre relation à la vie et à la mort, en apprenant à vivre pleinement malgré l’inévitabilité de notre fin.

Dans cette acceptation, peut-être pourrons-nous trouver un espace de sérénité et de sens, et envisager la mort non pas comme une ennemie, mais comme un compagnon sage qui nous incite à chérir chaque instant.

Les thèmes abordés dans cet article sont développé dans les formations de Praticien en Psychothérapie et Psychanalyste de l’EFPP : l’e-faculté de Psychologie et Psychanalyse. Pour en savoir plus, n’hésitez pas consulter notre site et nous contacter au 01 86 90 85 35

Auteure : Chirine Zahid

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