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Génération « Alpha » entre angoisses et perspectives

L’angoisse qui ronge la génération Alpha s’ancre dans une double temporalité, une dissonance où l’avenir se dessine à la fois comme apocalyptique et accéléré.

On leur dit que le monde va s’effondrer — une prophétie lancée avec autant de certitude que l’aube d’un nouveau jour.

Pourtant, tandis qu’ils grandissent, tout autour d’eux s’emballe à une vitesse vertigineuse : technologie, modes de vie, valeurs. Leur psyché se tisse alors entre deux tensions contradictoires, une frénésie de l’instant et une promesse d’anéantissement.

Dans ce cadre, l’angoisse naît d’une impossibilité de se projeter. Comment vivre pleinement lorsque demain semble si incertain ? Cette génération, baignée dans un flot d’informations, ressent l’urgence d’agir tout en étant écrasée par l’idée que le temps même s’épuise. Freud aurait sans doute vu là une collision entre principe de plaisir et principe de réalité, une danse macabre où la pulsion de vie tente de s’épanouir dans un monde qui prédit sa propre mort.

Sous cette angoisse, il y a une quête inconsciente d’ancrage, un besoin de s’attacher à quelque chose de stable dans cette tempête de progrès. L’enfant Alpha cherche, peut-être sans le savoir, des repères solides au milieu de la fluidité.

Mais comment trouver cet ancrage dans un monde où les frontières entre réel et virtuel se brouillent, où la course à la modernité semble déjà avoir dépassé l’humain ?

La génération Alpha est comme prise dans un vertige, aspirée par le mouvement accéléré de l’évolution tout en portant le fardeau d’une fin annoncée.

L’angoisse devient alors un cri silencieux, une tentative d’appeler à ralentir, à respirer, à trouver une forme de stabilité dans cette tempête.

Les racines de cette angoisse, si on les explore dans les tréfonds de la psyché, révèlent aussi un conflit de projections parentales. Les parents eux-mêmes sont hantés par l’idée de laisser à leurs enfants un monde en ruine, et ces peurs, consciemment ou non, s’inscrivent dans la psyché des plus jeunes. Ils grandissent avec la sensation diffuse d’un avenir volé, sans que personne n’ait les mots pour le leur expliquer.

Alors, que faire de cette angoisse ? Peut-être est-elle un appel, non pas à fuir dans l’accélération ou l’anticipation d’un effondrement, mais à apprendre à habiter pleinement ce moment présent, aussi fragile soit-il. Car dans cette fragilité réside, à mon sens, une vérité plus profonde : la vie ne se vit pas dans l’immédiateté des réponses ou des résolutions, mais dans la conscience aiguë de son impermanence.

Auteure : Chirine Zahid

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