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Analyse de Kris

Kris est fille unique, et a 57 ans. Elle fait partie de la classe sociale supérieure car son père est directeur de banque. Sa mère est quant à elle, mère au foyer. Kris a connu de nombreux déménagements, environ un tous les deux ans. Elle s’est mariée et a ensuite divorcé. Depuis elle vit seule et s’occupe également de son fils de 9 ans. Elle vient d’aménager dans le sud de la France, et, fait notable, son chat vient de lui être enlevé : son ex-mari l’a placée. 

La thérapeute et Kris se sont rencontrées lors d’une hospitalisation, pour cause d’addiction à l’alcool. Elle cherche donc à se sevrer de l’alcool. Kris ne parle pas à toute l’équipe de soin : elle détermine les éléments élitistes qui méritent d’avoir un échange avec elle. Elle a toujours un téléphone avec elle, qu’elle met en marche régulièrement avec l’appareil photos ou vidéos. Elle cherche à prendre en photos les soignants, mais heureusement, pas les patients . 

Kris est en surpoids, elle prend soin d’elle, semble timide alors que ses prises de paroles lui permettent d’occuper tout l’espace. Cette patiente révèle un narcissisme caché, car dans les groupes elle montre une psychorigidité et une apparence dédaigneuse. Elle est légèrement maquillée et met des vêtements à sa taille. 

Kris se plaint d’algies dans les membres inférieurs, et relate une perte d’équilibre avec une sensibilité plantaire, et des vertiges. Du point de vue de son registre de l’humeur, elle révèle un trouble dépressif persistant avec un désintérêt pour les activités habituelles, une perte d’appétit, des troubles du sommeil, et une baisse du tonus psychique et physique. 

Kris exprime ses affects en tant qu’éternelle insatisfaite. Elle aimerait que ses draps soient changés tous les jours, que ses repas soient servis dans une assiettes très propre, et que les infirmières diplômées d’État doivent être à sa disposition, sous peine de se plaindre aux médecins et aux psychologues.

Elle est souriante et radieuse avec les soignants qu’elle apprécie, mais est odieuse avec les autres. Elle revêt une certaine intolérance et méfiance vis-à -vis d’autrui. Elle a une pensée dysfonctionnelle quant à son alimentation : elle a un TCA nocturne. Cette conduite la mène à manger pour pouvoir se rendormir. C’est une croyance très prégnante sur laquelle il est très difficile de travailler. Elle a également une insomnie modérée avec une fatigabilité et des réveils nocturnes. Son trouble de l’usage de l’alcool (TUA) est lui aussi assez sévère. 

Concernant l’élaboration de sa pensée, elle a des idées prévalentes qui sont très difficilement remises en cause. Ces manifestations ne permettent pas de mettre Kris dans une catégorie des psychoses. De plus, lorsqu’elle essaie d’aider quelqu’un, et que la personne en fasse n’est pas réceptive, elle récent un échec de manière disproportionnée. Un pompier qui est intervenu chez elle, parle quant à lui de syndrome de Diogène (achats compulsifs, chambre d’hôpital avec beaucoup de bazar…). La conservation excessive d’objets touchant entre 2 et 5 % de la population, et principalement les femmes de plus de 50 ans, Kris serait bel et bien concernée par ces comportements pathologiques. Le syndrome est alors caractérisé par deux types de mouvements : acquérir et conserver ou ne pas jeter.

Kris a été victime d’une amnésie partielle pendant 52 ans car elle s’est faite violée à ses 5 ans et elle n’a pas “pensé” à en parler dès ses débuts en thérapie. 

L’hypothèse diagnostic faite par la thérapeute rapproche des éléments de type paranoïaque, or les critères ne répondent pas à 100% à la clinique de Kris. Il y a une opinion d’elle-même assez élevée, une bonne estime, mais ce n’est pas de la mégalomanie, et pas non plus une psychose paranoïaque. Chez Kris, on est sur un sentiment de rabaissement, d’humiliation, mais c’est relativement modéré. L’équipe de soignant n’a pas observé de jalousie excessive, hormis la thérapeute, qui a eu le malheur d’être en retard de 7 minutes. Son interprétation des gens est aussi très souvent erronée : mépris, rigidité, suspicion systématique, de nombreuses revendications… 

Et pourquoi pas un délire de relation des sensitifs ? Kretschmer est le docteur qui a conceptualisé cette psychose. Cette pathologie s’installe progressivement chez l’adulte, or chez Kris, l’élément déclencheur est son divorce avec son mari. Les propos mimiques et les signes de l’entourage sont interprétés comme du mépris. Arrondir les angles est alors fréquent chez le thérapeute pour diminuer les effets et symptômes liés à ce trouble. Les photos et vidéos prises des soignants est également un signe pathologique et a impliqué un travail ardu et de longue haleine pour que cela cesse.

Le délire de cette patiente restant limité à un cercle proche du patient, cela concerne le milieu professionnel, familial et son voisinage. Les épisodes dépressifs peuvent de plus être sévères, bien qu’il y ait pas de réaction violente : il n’y a pas de risque de passage à l’acte violent. Chez Kris, la paranoïa est sensitive et donc allégée. Elle prétend être une meilleure soignante que les professionnels eux-mêmes. Elle est très susceptible et montre une inhibition sexuelle, ce qui a conduit au divorce. En effet, l’ex-époux est parti avec sa maîtresse.

Pour avoir l’occasion d’échanger directement avec le thérapeute qui a eu affaire à cette patiente, il faudra se connecter au moment des visios en direct, proposées sur la plateforme de cours de chacun des stagiaires EFPP.