Lors d’une consultation parent-enfant, il est important de bien observer le comportement de l’enfant (jouet, saisir les crayons, regarder les logos…). En l’occurrence, la petite patiente ne regarde pas les jouets à disposition, ne commence aucune activité, mais elle gigote beaucoup, et cherche à monopoliser l’attention durant toute la séance. Elle semble de ce fait avoir une difficulté de séparation : le coucher est une séparation importante chez l’enfant. Cela expliquerait pourquoi elle ne veut pas aller se coucher, et surtout la baisse de moral quand elle s’ennuie. Elle a dès lors besoin de se créer un ami imaginaire. Il semblerait que les parents aient eux aussi une anxiété de séparation, c’est pourquoi le milieu est anxiogène pour la petite.
Le thérapeute peut alors demander au papa de quelle manière sa relation avec sa propre mère s’est déroulée, et s’il est lui-même proche de son père. En l’occurrence, son père meurt brutalement quand il avait deux ans. Le papa de la petite patiente avoue qu’il avait finalement grandi tout seul. On lui a raconté que son père était un “mec super”, ce qu’il a lui-même tenté de faire toute sa vie. Il a tout mis en œuvre pour être un super papa à son tour.
Quand le papa parle au thérapeute, elle se sent exclue, abandonnée, et se met à parler comme un bébé. Ne grandissant pas, ou très lentement, l’enfant sent la fragilité de son papa. Le scénario narcissique qui se joue ici est celui du « père super » qui n’a pas eu d’enfance, et qui maintient sa fille dans des stades antérieurs.
Le thérapeute sentant un pré-transfert positif entre lui et le père, il propose une interprétation forte, pour qu’il puisse élaborer psychiquement un changement et ouvrir la porte pour de nouveaux modes de relation avec la patiente. Pour la dégager de cela et lui permettre de reprendre le chemin de la croissance, l’idéalisation de la fillette doit cesser. Un père suffisamment bon doit progressivement frustrer et imposer des limites, en permettant à son enfant de développer son imaginaire. Sans le vouloir, le père barre l’accès à son imaginaire : il projette sur sa fille, ce qu’il aurait voulu connaître avec ses parents.
Pour avoir l’occasion d’échanger directement avec le thérapeute qui a eu affaire à cette petite fille, il faudra se connecter au moment des visios en direct, proposées sur la plateforme de cours de chacun des stagiaires EFPP.