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Aulagnier et Bion abordent la dépendance affective

Si l’on fait référence à Bion, le développement ne peut passer que par la gestion des émotions via l’identification projective à l’endroit d’une autre psychée (dite maternelle). Cette spirale transactionnelle est incessante, souple, tourmentées des éprouvés infantiles Béta (détresse, demande d’amour, chagrin), mais c’est une nécessité pour introjecter une fonction contenante Alpha (l’appareil à penser les pensées, P. Aulagnier).

L’expérience émotive peut ainsi être investie par l’enfant dans sa continuité, sans clivage, sans désaffection, sans repli. Cette clôture de pare excitation inclus l’enfant puis l’un et l’autre sortent progressivement d’une illusion pour découvrir le ce qui n’est pas moi.

Avoir une représentation de l’absence, c’est investir la relation à l’inconnu, à l’altérité. Il est curieux de concevoir que la pensée naît après l’enfant, qu’elle naît dans l’absence, au-delà de la rythmicité des gratifications et frustrations, au-delà de l’accordage, là où il faudra trouver une réponse sans réponses qui puissent faire matrice à s’extraire seul du manque.

Quand il n’y a pas de réponse « trouvée » dans la réalité externe, il sera en capacité de la « créée » dans la réalité interne avec des perceptions hallucinatoires qui tranquillisent le narcissisme, et le pousse à la quête pulsionnelle de nouveaux objets.

Quand cela n’est pas possible, un abîme traumatique rend inopérante l’intrication entre le sujet et sa pulsion, il n’y a pas alors trop peu d’espace pour le désir qui devient aussi un motif à l’angoisse. Le défaut d’accordage, la dysrythmie des échanges vont aboutir à incorporer l’objet primaire comme une source d’empiètement imagoïque, d’identification narcissique aliénante qu’il faudra plus tard contre investir, anéantir ou évacuer sans possibilité de le faire dans une transitionnalité très pauvre, le « moi » ne s’enrichit pas, il reste lacunaire. On comprend bien là combien la dépendance est son propre renforçateur.

Ce sujet a été abordé par un regroupement organisé par l’EFPP, à Paris. La rediffusion sera disponible sur la plateforme de cours du centre de formations e-learning, dans la rubrique « Regroupement ». Tout inscrit pourra dès lors rediffuser les conférences à sa convenance, et ce, pendant toute la durée de sa formation.

Source : David Faure, psychanalyste.