Accueil 9 Les plumes de l'EFPP 9 Et le père dans tout ça ?

Et le père dans tout ça ?

Il ne se passe pas un jour sans que la gente masculine ne soit attaquée : de la masculinité toxique au grand patriarcat, le sexe masculin est responsable des malheurs d’hier et d’aujourd’hui au point qu’il serait nécessaire, dit-on, de le déconstruire pour éviter les malheurs de demain. Dans cette idéologie contemporaine, la déconstruction se conjugue aussi avec la négation du sexe biologique de la naissance, devenu soudainement un objet de construction sociale.

En découle alors une question cruciale : si l’homme ne peut plus être homme, comment le père peut-il être père ? Et pourtant, le désinvestissement, volontaire ou provoqué, du père n’est pas sans conséquences pour le psychisme de l’enfant.     

On peut s’interroger sur les origines de cette idéologie. Aurait-on détourné à mauvais escient le travail de Freud sur le développement psychosexuel de l’enfant ? Selon lui, en effet, l’enfant ne connait pas son sexe à la naissance. Il en prend conscience seulement après le franchissement des multiples étapes de son développement, lesquelles incluent l’identification aux parents. Au cœur de ce développement, le complexe d’Œdipe va être déterminant pour l’identification au sexe similaire grâce à la rivalité avec le sexe opposé.

Cette connaissance du cheminement psychique de l’individu permet de comprendre que le sexe biologique, qu’on le veuille ou non, est déterminé. C’est le comportement et l’approche des parents dans le développement psychosexuel de l’enfant qui sont responsables de la construction sociale de son genre. Dans cette évolution, ce n’est pas tant la mère ou le père physique que la fonction maternelle et paternelle qui sont en jeu. Cette différence fondamentale se joue dans le rôle que la mère donne au père, dans la présence psychique plus que la présence physique. Une différence subtile mais capitale.

Pendant au moins les six premiers mois de sa vie, le bébé est dans une relation de fusion totale avec sa mère de laquelle le père est complètement exclu, quel que soit son engagement. La réalité est bien là. Elle est aussi rationnelle : en portant l’enfant, la future mère est déjà mère tandis que le père ne devient père qu’à la naissance du bébé. Cette fusion est essentielle et vitale pour garantir à l’enfant son sentiment de sécurité. A ce stade, le rôle du père est moins de s’octroyer un rôle maternel de substitution que d’être un compagnon sécurisant pour rendre la mère disponible psychiquement et de faire connaissance avec son bébé dans une approche sensorielle : lui donner à entendre sa voix, respirer son odeur, sentir sa peau.

Le rôle change et devient fonction paternelle pour faire sortir le bébé de cette fusion. Il joue la tierce personne, le rival nécessaire à la défusion et au processus d’individuation de l’enfant en devenir. Encore faut-il que cette figure paternelle soit introduite par la mère. Car c’est bien elle qui, en étant l’ambassadrice du père, invite l’enfant à admettre cette relation triangulaire dans laquelle le père va jouer le rôle d’agent socialisant pour mettre fin au duo au profit du premier groupe social et d’agent limitant pour marquer les limites de chacun des rôles dans le triangle familial. Si la mère est amour, le père est loi.

Modifier ces étapes indispensables au développement de l’enfant c’est mettre en péril son fragile équilibre psychisme dont les répercussions pourront être visibles à l’âge adulte.

Cet article est proposé par Véronique Ruggirello, praticienne en psychothérapie formée à l’EFPP

Le rôle et la place du père dans le développement psychique de l’enfant est un thème qui est abordé dans les formations « Praticien en Psychothérapie » et « Psychanalyste » proposées par l’EFPP – E-faculté de psychologie et de psychanalyse, 100% en distanciel et aussi en présentiel à Aix-en-Provence. N’hésitez pas à joindre notre standard 01 86 90 85 35 pour toute demande de renseignements.

Ne manquez rien de notre Blog!

* indique "obligatoire"