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La dérive de la parentalité

Le mouvement «Time out» remet en question la mise à l’écart de l’enfant pour le punir. Très controversé, ce modèle est critiqué par un collectif de 350 spécialistes de l’enfance : ils s’y opposent et proposent un autre modèle d’éducation. En quoi est-il possible d’éduquer un enfant, tout en étant en équilibre entre la sévérité et l’empathie ?

Depuis que la position du Conseil de l’Europe a changé concernant la « mise à l’écart temporaire des enfants, hors de l’espace commun », les recommandations en matières d’éducation se doivent également d’être mise à jour en France.  L’exclusion temporaire des enfant (Time out) est même recommandée par de nombreuses instances internationales.

Les partisans de l’éducation exclusivement positive sont choqués de ce revirement de situation, alors qu’il est agréablement accueilli par ceux qui prônent une éducation bienveillance avec fermeté (Daly, 2006). Pour autant, toute contrainte ou effort ne peut être assimilé à de la violence. Il peut simplement s’agir de donner un cadre à l’enfant, tout en lui permettant d’exprimer son mécontentement. La tolérance envers la frustration se travaille également dès le plus jeune âge : être frustré est indispensable pour que le développement libidinal de l’enfant soir optimal.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les enfants sont les premiers à souffrir d’une éducation exclusivement positive. Ils ne sont plus aidés à grandir, se sentant abandonnés par des adultes à l’attitude exclusivement empathique. Un enfant en développement ne peut se contenir, se limiter, s’éduquer, et s’élever tout seul. Ils ont besoin de limites et d’un cadre pour se construire. Cette parentalité extrêmement positive menace dès lors les droits fondamentaux de l’enfant.

Les enfants ne sont pas les seules victimes de l’éducation exclusivement positive : les parents et les enseignants le sont également.

La parentalité exclusivement positive ne respecte pas le développement psychologique de l’enfant. Cette constatation n’est pas récente : de nombreux psychologues, psychanalystes, pédopsychiatres, et thérapeutes cognitivo-comportementaux se retrouvent tous sur le fait qu’il est dangereux d’enlever toutes limite et contrainte aux enfants. Ces derniers ont le droit de bénéficier d’une parentalité ferme et bienveillante grâce à un cadre et des limites. Si cette expérience n’est pas faite, le désir devient un tyran qui exige satisfaction, sans considération pour autrui : enfant-tyran ou enfant-roi.

Être limité dans son sentiment de toute-puissance infantile permet à tout un chacun de devenir un adulte autonome et un citoyen capable de concessions et de considération d’autrui (Lebrun, 2009, Marcelli, 2020). Comprendre qu’être ferme n’est pas être violent, c’est montrer sa position d’autorité dans une relation où l’enfant n’est pas l’égal de l’adulte en raison même de son immaturité et de son besoin de protection (Drory, 2020). La formation d’aide à la parentalité, proposée par l’EFPP et Edwige Antier, se veut de traiter cette thématiques actuelle et controversées. Libre aux stagiaires de se faire une opinion quant à cette problématique.

Source : Marcelli et al., Le Figaro, octobre 2022.