Le psychisme guide le physique jusqu’à un certain seuil, au-delà duquel le corps n’a d’autre issue que de s’exprimer. La compréhension des modalités psychiques d’une personne en souffrance devient alors possible grâce à la somatisation du corps. Cette dernière est d’une aide précieuse lorsque le patient cherche à étouffer sa maladie. Il est en effet possible que le patient soit dans le déni de l’anorexie, ou bien même qu’il pense que tout est sous contrôle, et ce malgré un corps décharné. Rationaliser la maladie est en outre un comportement fréquent, dont l’objectif principal est de rassurer l’entourage (Debaisieux, 2021).
La maigreur est le symptôme caractéristique majeur de l’anorexie. D’après Merand and Lemoine (2021), elle permettrait au sujet d’économiser de l’énergie pour l’utiliser dans sa quête d’identité. Il met ainsi en place des stratégies en vue de se défendre face à une peur intense : celle de ne pas parvenir à cerner ses propres limites et facultés. Le corps est de cette manière l’objet sur lequel le patient a un plein pouvoir. Il est permanent, accessible immédiatement, et il obéit surtout à des lois physiologiques régulières. La constance de l’objet corporel est, dès lors, très rassurante. Être maigre témoigne d’une discipline drastique, d’une force de caractère et d’une importante ambition : la maigreur renvoie donc à de nombreuses qualités. Cette toute-puissance apparente exclut d’éventuels imprévus, et sécurise l’individu qui perçoit l’environnement extérieur comme incontrôlable. Par conséquent, le projet de l’anorexie consiste à modeler le corps au moyen d’une instrumentalisation du comportement alimentaire.
Par l’intermédiaire de la maigreur, le patient exprimerait son désir inconscient de disparaître (Martel, 2007 ; Merand and Lemoine, 2021). En plus de l’amaigrissement, l’anorexie peut engendrer une perte de muscles, une chute de cheveux, et bien d’autres dommages sur l’organisme. La symbolique des cheveux étant la force, les perdre est un signe de faiblesse physique, mais également mentale. C’est pourquoi, une anorexie chronique chez des patients de plus de 35 ans peut avoir des conséquences osseuses graves. La symbolique des os étant liée aux lois et aux principes de la société, l’association de l’anorexie avec le malaise sociétal est une nouvelle fois observée. Par ailleurs, lorsque le corps ne peut supporter davantage de carences, il n’est pas rare d’observer des malaises, des pertes de mémoire, voire des pertes de connaissance (Belleton et al., 2020; Martel, 2007). La somatisation révèle ainsi la capacité qu’ont les personnes anorexiques à maîtriser leur corps, et ce, malgré un mal-être physique intense.
La symbolique physique révèle de nombreuses informations sur l’émergence d’une pathologie plutôt qu’une autre. Les formations à distances de l’EFPP traitent les thématiques psychanalytiques et psychopathologiques pour pouvoir faire des liens et comprendre les dynamiques de nombreuses maladies mentales.
