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Des généralistes parmi les stagiaires de l’EFPP

La médecine générale s’intéresse de plus en plus à la psychologie et à ses mécanismes. En quoi la médecine générale peut elle faire appel aux notions psychologiques et psychopathologiques ? Prenons l’exemple d’une clinique spécialisée en troubles du comportement alimentaire…

Au sein des structures françaises spécialisées en TCA, les médecins généralistes sont nécessairement avertis des troubles et des difficultés liées aux différentes pathologies alimentaires. Ils interviennent à la fois sur le plan de la santé mentale et sur l’aspect pharmacologique. En effet, la prise de médicaments est parfois requise pour soulager les troubles psychiatriques. Il se peut même qu’un traitement analogue à celui de la psychose soit prescrit. Il s’agit par exemple de substances favorisant la prise de poids chez les patients anorexiques.

Les médecins généralistes définissent également les objectifs de poids à atteindre pour pouvoir quitter l’hospitalisation complète. Un contrat peut dès lors être établi pour limiter d’éventuelles discussions avec un patient qui chercherait à quitter plus rapidement l’hôpital. Les médecins se réfèrent généralement à une courbe de poids : l’IMC normal se trouve entre 17 et 20 kg/m².

Prendre du poids est indispensable pour diminuer les effets du TCA : idées obsessionnelles autour de la nourriture, complications somatiques, difficultés psychiques. La renutrition constitue, de cette manière, un objectif majeur à la rémission. Elle peut s’effectuer de trois façons différentes : par voie orale, par sonde naso-gastrique, ou par association des deux.

Recommencer à manger de manière “normale” n’est pas anodin. L’apport calorique n’est, en effet, pas déterminé au hasard mais doit être spécifique à chaque patient. Si le corps reçoit une dose d’énergie trop importante, l’homéostasie est altérée. Le syndrome de renutrition inappropriée (SRI) correspond à l’ensemble des manifestations cliniques ou biologiques qui surviennent au cours de la renutrition d’un patient dénutri. Une consommation calorique trop rapide peut alors provoquer des troubles métaboliques sur de nombreux organes : le cœur, le cerveau, les muscles, les reins, les poumons et les intestins. Trop sous-diagnostiqué, ce syndrome reste pour autant potentiellement mortel. Si la supplémentation est inadéquate ou insuffisamment surveillée, la renutrition en établissement hospitalier augmenterait donc le risque de SRI, et indirectement de décès. L’apport énergétique doit donc être sérieusement réfléchi par le MG.

En médecine générale, les TCA sont des pathologies encore trop méconnues. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 40% des généralistes n’ont jamais n’ont jamais évalué de Binge Eating Disorder (BED). Or, rappelons que ce comportement compulsif envers la nourriture est majeur dans l’hyperphagie. Cette même étude met également en avant le sentiment d’impuissance qu’ont certains praticiens alors même que les pathologies alimentaires ne sont pas des fatalités.

Alors qu’aborder les TCA devrait être du ressort de tout médecin, il existe encore d’importantes lacunes dans leur diagnostic. Cette ignorance peu  s’expliquer par un manque de connaissances, d’intérêt ou par une appréhension à entrer dans l’intimité du patient. En revanche, les données issues de la recherche sont très encourageantes : elles devraient motiver les professionnels de santé à mettre à jour leurs connaissances sur les TCA (Boudebza, 2016 ; Buzzi, 2012 ; Debaisieux, 2021 ; Di Lodovico et al., 2020 ; Lasfar et al., 2021 ; Pardo and Lescot, 2015).

Les formations d’hypnose, de sexothérapeute et de psychopraticien proposées par l’EFPP sont dès lors suivies par de nombreux médecins généralistes qui souhaitent gagner en connaissances, ou simplement se spécialiser.