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Évaluer la dangerosité des risques suicidaires

Évaluer la dangerosité du scénario suicidaire, c’est évaluer la létalité du moyen et son accessibilité. Si l’accès au moyen est facile et immédiat, il faut considérer la dangerosité comme extrême et agir en conséquence. Que doit on savoir pour évaluer ce type de risque ?

L’arme à feu tue particulièrement les personnes du foyer de la personne suicidaire. Elle multiplie par 5 le risque de suicide. Ce risque est réduit à 2,7 si elle est bien entreposée. La létalité est considérable, supérieure à 90% et les séquelles considérables.

À des fins cliniques, cette triple évaluation RUD peut s’établir sur une échelle à trois niveaux : faible, moyen, élevé. Ainsi, un patient pourra être à risque faible, en urgence élevée et avec un scénario à forte létalité ; un autre à risque fort, en urgence faible et avec un degré de létalité bas. C’est toutefois le niveau d’urgence qui détermine en définitive le type d’intervention, comme le proposent les recommandations de la Conférence de consensus de l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (ANAES).

SI L’URGENCE EST FAIBLE :

  • Le patient désire parler
  • Il est probablement à la recherche de communication
  • Il cherche des solutions à ses problèmes
  • Il pense au suicide mais n’a pas de scénario suicidaire précis
  • Il pense encore à des moyens et à des stratégies pour faire face à la crise
  • Il n’est pas anormalement troublé mais psychologiquement souffrant
  • Il a établi un lien de confiance avec un praticien

SI L’URGENCE EST MOYENNE :

  • Le patient a un équilibre émotionnel fragile
  • Il envisage le suicide et son intention est claire
  • Il a envisagé un scénario suicidaire mais dont l’exécution est reportée
  • Il ne voit de recours autre que le suicide pour cesser de souffrir
  • Il a besoin d’aide et exprime directement ou indirectement son désarroi
  • Il est isolé

SI L’URGENCE EST ÉLEVÉE :

  • Le patient est décidé : sa planification est claire et le passage à l’acte est prévu pour les jours qui viennent
  • Il est coupé de ses émotions : il rationalise sa décision ou, au contraire, est très émotif, agité ou troublé
  • Il se sent complètement immobilisé par la dépression ou, au contraire, se trouve dans un état de grande agitation
  • La douleur et l’expression de la souffrance sont omniprésentes ou complètement tues
  • Il a un accès direct et immédiat à un moyen de se suicider : médicaments, armes à feu…
  • Il a le sentiment d’avoir tout fait et tout essayé
  • Il est très isolé

Il faudra également tenir compte de l’élément de dangerosité lié à l’accumulation de facteurs de risque. Ainsi, si l’urgence est légère : une psychothérapie doit être initiée rapidement avec éventuellement la conjonction d’une prise d’un traitement médicamenteux à discuter avec un médecin. En cas d’urgence moyenne : une psychothérapie doit être initiée rapidement et le patient doit être vu et suivi par un médecin psychiatre parallèlement. Enfin, si l’urgence est élevée : le patient doit être admis aux urgences psychiatriques pour une hospitalisation rapide, une surveillance, un bilan et un traitement.

Bien que peu agréable à aborder avec son patient, la fréquence de suicide implique obligatoirement d’être formé à cela. Les formations certifiantes de l’EFPP sont riches d’enseignements afin de comprendre les tenants et aboutissants de ce type de comportements.