Freud fait un parallèle entre la projection de l’Idéal du Moi et la position assujettie de certains individus face à un meneur, ce qu’il nomme « illusion groupale » (Anzieu, 1971). D’après lui, le meneur éviterait à la foule d’être angoissée, ce qu’est l’enfant lorsque sa mère déserte son champ de vision. Pour le fondateur de la psychanalyse, le meneur n’apparaîtra pas par hasard, comme pourraient le sous-entendre les théories purement biologiques. Ainsi, Freud emploie le mot « horde » pour définir l’ensemble d’animaux, et plus particulièrement d’humains, sous la direction d’un chef (Freud, 1921).
L’identification ne serait pas normale chez les adultes. En l’occurrence, c’est exactement ce qu’il se passe dans la constitution d’une foule. Freud parle alors d’une défaillance de la fonction d’Idéal du Moi. Cette dernière témoignerait d’un clivage incomplet entre le Moi et l’Idéal du Moi, ce qui faciliterait la soumission et le suivi du dirigeant (Freud, 1921). La docilité est donc encore plus accentuée quand l’Idéal du Moi et le Moi ne sont pas bien différenciés l’un de l’autre. Ils peuvent coïncider facilement (Kaluaratchige, 2014).
Il existe deux types d’individus : ceux qui voient en ce meneur des qualités d’Idéal du Moi et qui remplacent leur propre Moi par l’Idéal du Moi de celui-ci, et ceux qui ne sont pas totalement en accord avec le meneur mais qui se laissent entraîner par le phénomène d’identification. Les individus en totale adéquation avec le meneur idéaliseraient et défendraient ainsi son idéologie. Implicitement, ils font perdurer certains traits de caractère extérieurs qu’il incarne. De fait, le meneur n’ayant que très peu d’attaches libidinales, n’aimant personne en dehors de lui et n’estiment les autres que pour autant qu’ils serviraient « à la satisfaction de ses besoins » (Freud, 1921), les individus idéalisent ce type de personnalité. Néanmoins, ceux qui sont en accord partiel avec le meneur sont simplement influencés par ce dernier, l’identification est donc moins importante. Freud explique cela par la transformation d’un sentiment hostile primitif en un attachement positif, ce qui créerait le sentiment d’appartenance sociale.
Ce sujet est abordé par un regroupement organisé par l’EFPP, à Aix en Provence. La rediffusion est disponible sur la plateforme de cours du centre de formations e-learning, dans la rubrique « Regroupement« . Tout inscrit pourra dès lors rediffuser les conférences à sa convenance, et ce, pendant toute la durée de sa formation.