Judith est la fille aînée d’une fratrie de trois enfants. Elle prétend avoir une vie scolaire tranquille, favorable aux études, jusqu’à obtention d’un diplôme de professeur de mathématiques. Elle enseigne principalement au collège. Elle se marie avec un professeur de mathématiques, et de cette union dite à “premier lit réciproque” naissent deux filles, et un fils.
Au cours de sa carrière, Judith travaille à plein temps, puis elle passe en mi-temps lorsqu’elle accouche de sa seconde fille. Elle est devenue grand-mère à ses 60 ans et s’occupe en plus de sa maman, domiciliée en EHPAD. Le domicile de Judith ne permet en effet pas d’accueillir une personne à mobilité réduite.
Les liens d’attachements de Judith sont particulièrement marqués avec son papa, ancien professeur de mathématiques. La relation entre la patiente et son père montre des identifications secondaires importantes, comme leur profession, ou encore le bricolage et l’attrait pour l’opéra. Certains traits de caractères sont ainsi dits “incorporatifs” car les identifications prônent une relation “cannibalique” de l’objet. A l’inverse, en cas de traits “introjectifs”, il y aurait eu de la sublimation. Le lien d’attachement avec la mère est quant à lui beaucoup plus nuancé. Cette affectivité ne la concerne pas uniquement : elle est ressentie de la même manière pour tous les enfants de la fratrie.
Judith prend plusieurs fois sa maman avec elle, par semaine : les rapports sont donc en train d’évoluer positivement. Les deux femmes ont par ailleurs beaucoup de mal à avoir des contacts physiques, bien que Judith lui vienne en aide pour passer de la voiture au fauteuil roulant. Les divers attachements possibles étant de type sécurisé, ambivalent, évitant et désorganisé, celui de la patiente semble être “évitant”, ce qui est bien visible dans la relation mère-fille. Pour pallier l’attachement évitant, l’enfant à tendance à éviter les parents, connaissant indirectement un émoussement affectif. Chez l’adulte, l’attachement évitant est plus difficile à observer : il est possible de voir un hypercontrôle et une rigidité.
Judith souhaite arrêter l’alcool, ce qui est la raison principale de son entrée en thérapie.
Étant très sportive, que ce soit au niveau du cardio ou de l’ordre musculaire, elle place le sport au centre de sa vie. Elle trouve aussi des ressources dans sa famille, avec son mari et ses enfants. Elle révèle de plus un très bon fonctionnement cognitif, et une stabilité socioprofessionnelle.
Judith aurait un comportement anorexigène, avec une restriction du bol alimentaire qui se fait la journée lorsqu’elle est seule : elle ne se nourrit pas.
Du point de vue du registre de l’humeur, Judith montre une grande tristesse et de la rancœur envers son époux, car la venue de sa deuxième fille l’aurait obligée à faire un mi-temps, alors que son mari a lui continué son travail, sans modification majeure de l’emploi du temps. Selon ses dires, sa deuxième fille l’aurait empêché de faire carrière, et elle n’aurait en plus pas trouvé mieux que le métier d’infirmière (Judith semble très exigeante avec ses enfants).
Judith révèle des traits d’insomnie légère, donc un trouble du sommeil léger. Sa relation avec la seconde fille serait dite “en miroir non cristallisée”. Ce deuxième enfant est actuellement à mi-temps car elle est en instance de divorce. Sa fille aurait de plus des difficultés avec l’alcool et une dyslexie : tous ces critères n’améliorent pas la relation qu’ont la mère (Judith) et sa fille. Il y a là quelque chose de Judith qui se rejoue avec la fille.
Depuis dix ans, Judith montre des éléments déprimogènes, certes, du fait du décès de la maman, mais à une intensité qui est de l’ordre de la pathologie. La dysthymie est un trouble dépressif persistant, au même titre qu’une dépression majeure, mais amoindrie. Le trouble doit persister sur plus de deux ans, c’est une dépression insidieuse. Le diagnostic nécessite une humeur dépressive sur la majeure partie des jours depuis deux ans. Il doit au moins y avoir deux symptômes tels que la perte d’appétit ou la suralimentation, l’insomnie ou l’hypersomnie, la fatigue, la faible estime de soi, des difficultés de concentration ou à prendre des décisions, un sentiment de désespoir. On sait donc que Judith restreint son bol alimentaire, et connaît des insomnies : cela permet de penser à un trouble dysthymique.
Le DSM5 inclut le deuil comme un stress psychologique grave qui peut induire une dépression. Judith n’a pas forcément conscience des ses carences affectives dues à l’enfance, elle n’est donc pas nécessairement dans la demande d’affection de la part d’autrui. Pour autant, elle montre des phases de dépression lorsqu’elle est seule chez elle.
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