L’évaluation des risques suicidaires est à effectuer devant tout patient déprimé ou qui présente des idéations suicidaires. La Conférence de consensus de l’Agence nationale d’accréditation et l’évaluation en santé (ANAES) préconise d’utiliser le système RUD. En quoi consiste-t-il ?
Le système RUD évalue trois dynamiques : le risque, l’urgence et la dangerosité.
Les facteurs de risque individuels sont les suivants :
- Antécédents suicidaires de l’individu.
- Présence de problèmes de santé mentale.
- Pauvre estime de soi.
- Tempérament et style cognitif de l’individu.
- Présence de troubles de santé physique.
Les facteurs de risque familiaux sont les suivants :
- Présence de violence, d’abus physique, psychologique ou sexuel dans la vie de l’individu.
- Existence d’une relation conflictuelle entre les parents et l’individu.
- Perte et abandon précoces.
- Problèmes de toxicomanie et d’alcoolisme chez les parents.
- Présence de conflits conjugaux majeurs.
- Comportements suicidaires de la part de l’un ou des deux parents.
- Problèmes de santé mentale chez l’un ou chez les deux parents.
Les facteurs de risque psychosociaux :
- Présence de difficultés économiques persistantes.
- Isolement social et affectif de l’individu.
- Séparation et perte récente de liens importants, deuil.
- Placement dans un foyer d’accueil, en institution ou dans un centre de détention, traitement discriminatoire.
- Difficultés scolaires ou professionnelles.
- Effet de contagion.
- Difficulté avec la loi.
- Présence de problèmes d’intégration sociale.
Les facteurs de risque de protection :
- Le soutien apporté par la famille et les relations sociales.
- La présence d’un proche, un conjoint, un confident.
- La grossesse, les enfants vivants à la maison.
- Les responsabilités familiales.
- L’intégration au sein de la communauté et de la société.
- Une forte croyance religieuse.
- Relation thérapeutique positive.
- La résilience et la capacité de résolutions de problèmes.
C’est la balance entre facteurs de risque et facteurs protecteurs qui permet d’évaluer le risque suicidaire.
L’évaluation de l’urgence vise à apprécier la probabilité et l’imminence d’un passage à l’acte. Cela permettra de situer le patient dans le processus suicidaire et de mieux organiser sa prise en charge dans les 24 ou 48heures.
Il est alors souhaitable d’explorer :
- Le niveau de souffrance psychique, avec en particulier l’intensité du sentiment de désespoir, mais aussi de dévalorisation, d’impuissance, voire de culpabilité.
- Le niveau d’impulsivité marqué par une instabilité comportementale, des antécédents de passages à l’acte, de fugues ou d’actes violents, des troubles paniques, réalisés au mieux chez la personnalité borderline.
- Le degré d’intentionnalité (apparition d’idées de suicide passives ; présence d’idées actives et prévalentes ; rumination suicidaire ; cristallisation et planification d’un scénario suicidaire).
- Le scénario suicidaire doit être adéquatement et précisément évalué par des questions concernant le « où », le « quand » et le « comment ».
L’événement précipitant n’est souvent que le dernier d’une longue série.
Enfin, évaluer la dangerosité du scénario suicidaire, c’est évaluer la létalité du moyen et son accessibilité. Si l’accès au moyen est facile et immédiat, il faut considérer la dangerosité comme extrême et agir en conséquence.
Bien que peu agréable à aborder avec son patient, la fréquence de suicide implique obligatoirement d’être formé à cela. Les formations certifiantes de l’EFPP sont riches d’enseignements afin de comprendre les tenants et aboutissants de ce type de comportements.